L’auto-massage vu par un kinésithérapeute : William OZIAT

La récupération est un besoin essentiel dans le milieu sportif, et l’auto-massage est une méthode très efficace pour optimiser la phase de récupération chez le sportif. Au même titre que la pressothérapie, compression, cryothérapie ou l’électrostimulation, cette méthode fait partie intégrante du quotidien d’un sportif de haut niveau et de son entourage. Afin de nous éclairer sur cette pratique, nous sommes allés rencontrer William OZIAT, ex-kinésithérapeute auprès de l’équipe masculine de basketball de l’ASVEL.

QU’EST-CE QUE L’AUTO-MASSAGE ?

Facilement intégrable à son quotidien, l’auto-massage fait partie des techniques de récupération les plus prisées par les sportifs amateurs et professionnels. Pour préparer ses muscles à l’effort avant un échauffement, pour détendre ses muscles après l’effort, pour traiter une douleur ou un point de tension (trigger point) ou encore pour se détendre après une journée intense, l’auto-massage peut être utilisé pour de multiples raisons.

Cette technique se rapproche de celles utilisées dans le cadre de la médecine orientale, comme l’acupression, ayant pour objectif de stimuler des points d’acupuncture (points de déclenchement) avec ses mains. En prévention ou réparation des douleurs, cette pratique possède de réels bienfaits sur le métabolisme du sportif.

QUELS SONT LES BENEFICES DE L’AUTO-MASSAGE ?

Dans le cadre du sport, les bénéfices de l’auto-massage sont nombreux. Utilisée avant ou après l’entrainement sportif, au début ou à la fin d’une journée, ou pour traiter une douleur, cette pratique peut avoir lieu tout au long de la journée. Les bénéfices sur le corps sont multiples :

• Eliminer les tensions musculaires
• Supprimer les toxines et déchets métaboliques accumulés au cours de l’effort intense
• Renforcer le système immunitaire afin d’améliorer la
• Réduire partiellement ou totalement les douleurs physiques et blocages musculaires
• Améliorer la qualité du sommeil
• Améliorer la circulation du sang
• Permet la pré-activation avant la réalisation d’efforts physiques
• Optimiser la phase de récupération.

QUELS SONT LES APPAREILS ADAPTES POUR CETTE PRATIQUE ?

Pour ce qui est des appareils d’auto massage, nous retrouvons évidemment l’ensemble des pistolets de massage, de tailles, puissances et marques différentes, ayant tous le même objectif. A cela s’ajoutent les rouleaux de massage et balles de massage, pouvant être de tailles et formes différentes. Ces derniers peuvent aussi être vibrants et/ou connectés pour optimiser les bénéfices de cette pratique. De plus, dans le milieu professionnel, les sportifs sont généralement entourés de kinésithérapeutes, pouvant exercer cette pratique avec l’application de crèmes et huiles afin de diminuer les nœuds et tensions musculaires. Certains athlètes effectuent ces massages eux-mêmes.

William OZIAT (ex-kiné de LDLC ASVEL pendant 3ans)

L’AUTO-MASSAGE VU PAR UN PROFESSIONNEL DU SPORT

William, peux-tu te présenter et présenter ta fonction actuelle en quelques mots ?

J’ai eu la chance de côtoyer le haut niveau très tôt puisque dès l’obtention de mon diplôme, j’ai rejoint l’ASVEL Basket, équipe de basketball professionnelle de 1^e division de Betclic Elite, top équipe de France sur les dernières saisons. J’exerçais la fonction de kinésithérapeute sur ces 3 dernières années, avec des déplacements en Euroligue. A la suite de ces 3 années et plusieurs trophées (2 Coupes de France et 2 Championnats de France), j’ai décidé de me consacrer à d’autres projets en kinésithérapie.

Lors de mon passage à l’ASVEL Basket, le rythme était très intense puisqu’avec l’Euroligue, nous avions une moyenne de 3 matchs/semaine d’octobre à avril. La récupération est donc essentielle pour pouvoir enchainer ces échéances.

Que penses-tu de la récupération de manière générale ?

Dans le sport professionnel, ce n’est pas un secret : la récupération est essentielle. Les protocoles de récupération sont fonction de la pratique et du calendrier. Par exemple, dans le rugby, un jour de repos le lendemain de match est courant tandis que dans le basket, cela n’est pas possible. A l’ASVEL, nous favorisions donc les séances de récupération collectives plutôt que les jours off.

Pour le sportif amateur, selon la charge de travail et le calendrier, c’est un bonus qui va lui permettre de diminuer le nombre de blessures, d’avoir de meilleures performances et un confort dans sa pratique.

Chez le professionnel, la récupération est le pilier de la performance sportive.

Que penses-tu de l’auto-massage ?

L’auto-masssage est, pour moi, la technique la plus utile pour diminuer les tensions myo-fasciales. Que ce soit chez le sportif amateur, semi-professionnel et chez certains professionnels, un suivi kiné quotidien n’est pas forcément mis en place. L’auto massage est une technique qui va principalement diminuer les tensions musculaires, mais aussi favoriser la récupération en éliminant les toxines et déchets métaboliques.

Chez l’athlète, le plus intéressant dans une séance d’auto-massage va être la suppression des tensions et douleurs musculaires qui vont ensuite générer diverses pathologies. Le massage peut aussi améliorer la phase de récupération en supprimant les toxines par l’intermédiaire d’une technique différente de la première, comparable à l’utilisation de bottes de compression par exemple. Les outils vont être différents en fonction des objectifs recherchés.

Est-ce une pratique prisée chez les athlètes de haut niveau ?

L’auto-massage est mis en place sous forme de routines quotidiennes dans le sport de haut niveau, même s’il dépend de la discipline et du rythme exercé. Si je prends le cas du basket et de l’ASVEL, c’était une routine quotidienne, voire avant/après l’entrainement pour les sportifs souhaitant prendre soin de leur corps. De nombreux athlètes internationaux, NBA ou Euroleague, possèdent des routines quotidiennes avec un foam roller pour travailler les mollets, ischio-jambiers, etc… En cas de douleurs et tensions, le sportif qui connait bien son corps, va pouvoir se traiter grâce à l’auto massage sans même passer par la case kiné. Le foam roller par exemple est un accessoire toujours présent dans les vestiaires.

Pour le sportif amateur, c’est généralement la solution la plus accessible puisqu’il ne possède pas de professionnel à disposition quotidiennement pour diminuer ses tensions/douleurs musculaires.

Dans quel(s) but(s) est-elle utilisée ?

Du aux efforts répétés et à la manière propre à chacun de se déplacer sur le terrain, parfois des points de tensions apparaissent sur les zones musculaires les plus sollicités.

Chez un basketteur qui utilise préférentiellement ses mollets et qui enchaine les changements de directions rapides, des tensions peuvent apparaitre dans les zones les plus sollicitées pour sa propulsion, selon un alignement musculaire bien précis.

Dans ce cas précis, il n’est pas forcément nécessaire de traiter un muscle dans sa totalité car les tensions peuvent être localisées ponctuellement. On peut donc axer le travail avec un pistolet de massage à l’endroit précis de cette tension pour réaliser un traitement efficace et diminuer cette dernière. Avec l’expérience, l’athlète connait son corps et sait où les tensions musculaires apparaissent régulièrement chez lui.

Lorsqu’un muscle est sollicité sur le long terme, il développe forcément des tensions. Ces tensions sont utiles pour le corps puisqu’elles permettent de rendre le muscle plus fort. Mais pour que cette force se développe, il faut obligatoirement un temps de repos minimum, ce que l’athlète n’a pas forcément. Lorsque ce dernier sur-sollicite ses muscles, avec un enchainement de matchs conséquent, la tension ne va plus disparaitre et provoquer ainsi un enraidissement. Il est donc possible d’observer 3 faits : le tonus musculaire augmente, la capacité de contraction musculaire maximale est plus difficile et les qualités visco-élastiques sont impactées à cause notamment de cette tension. Ces trois aspects sont autant d’arguments qui peuvent mener, par exemple à une lésion musculaire ou à une inflammation d’une articulation voisine.

Le but de l’auto-massage est de ne pas rentrer dans ce cercle négatif et de diminuer les tensions musculaires, pouvant provoquer à long terme une indisponibilité sportive. C’est dans un aspect préventif que cette technique est prisée. 

Est-ce adapté pour les sportifs amateurs et les particuliers ?

La pratique de l’auto-massage est la seule solution pour que les sportifs amateurs et les personnes non staffées puissent diminuer leurs tensions. Si nous prenons le cas d’une personne qui réalise un jogging une fois/semaine, elle ne va pas souffrir d’une accumulation de tension puisque son calendrier permet de laisser une place importante à la récupération naturelle. L’utilisation d’un pistolet de massage ou rouleau de massage va jouer un rôle plus impactant chez le sportif amateur qui multiplie les entrainements et les sessions de running par exemple, avec des séances de fractionné, séances de côtes, sorties longues, avec des répétitions 3 à 4 fois/semaine. Il va pouvoir favoriser sa récupération à la fin des entrainements les plus intenses et après la compétition. Il va ainsi pouvoir être plus frais physiquement et diminuer son risque de blessures.

Chez le sportif amateur, c’est pour moi indispensable car il n’a pas de staff qui l’accompagne, mais ce n’est pas une nécessité pour tout le monde. Il doit y avoir une cohérence avec la charge de travail.

A quel(s) moment(s) est-il plus important de l’utiliser ?

Chaque athlète fait face à un contexte différent puisque chacun expose des muscles différents à des contraintes variées. Le traitement conseillé n’est donc pas le même pour tous les sportifs.

Pour avoir l’effet le plus durable sur la décontraction du muscle, il faut tout d’abord éviter de réaliser une routine avant l’effort puisque l’effort par nature va augmenter le tonus musculaire. Avant l’effort, cette pratique est donc réservée aux personnes qui n’ont pas le choix. C’est le cas dans le basketball avec certains sportifs que l’on traite avant et après entrainement. Dans ce cas et en complément d’un travail actif cette pratique peut être utile pour qu’en fin d’entrainement, cette tension ne se retrouve pas exacerbée.

Chez une personne qui possède au moins un jour/semaine de récupération, je conseille de réaliser une routine à la fin de la dernière séance précédent le jour off afin qu’il y ai un effet d’au moins 24h. Il est recommandé de la réaliser entre 30 min à 2h après l’effort.

Au niveau de l’intensité de l’auto-massage, avant l’effort le sportif va plutôt s’orienter vers un travail de détente léger, tandis qu’après un entrainement, il va privilégier un travail avec une profondeur plus importante.

Les rouleaux de massage

Quels sont les appareils les plus adaptés à la pratique de haut niveau ?

Dans le milieu professionnel, avec la présence de kinésithérapeutes, il y a une partie importante de détente avec les mains. Si le sportif est adepte de l’utilisation de crèmes et d’huiles, la détente peut se réaliser avec l’application de différents produits. En complément de cette pratique, il y a une utilisation régulière de pistolets de massage avec les appareils Theragun et Hyperice, les foam roll, les balles dents et petits accessoires permettant de masser les petites zones difficiles d’accès comme la voûte plantaire.

Et les rouleaux vibrants ?

Les rouleaux vibrants ne sont pour l’heure actuelle pas utilisés partout mais leurs avantages semblent cohérents pour le sportif, et il est possible que ces rouleaux gagnent les vestiaires dans le futur. Cela dépend aussi du budget de chacun.

Peux-tu nous donner quelques conseils sur l’utilisation des appareils d’auto-massage que tu utilises ?

Avec du recul et après avoir testé de multiples équipements, j’ai une préférence pour le pistolet de massage Theragun Pro. Il possède une pression importante permettant de rentrer profondément dans le tissu, ce qui n’est pas forcément le cas avec tous les appareils. Ce dernier ne va jamais se bloquer et permet de réaliser toute sorte de séance de récupération.

 

Vous bénéficiez maintenant de tous les conseils nécessaires pour optimiser votre récupération par la pratique de l’auto-massage. Il ne vous reste plus qu’à vous entrainer.