Mondial de handball – Ludovic Fabregas a crevé l’écran

Il est entré dans ce Championnat du Monde à pas de loup, en tant que deuxième doublure au poste de pivot, espérant grignoter un peu de temps de jeu. Et 18 jours plus tard, il en est sorti en héros ! Ludovic Fabregas ne s’est pas contenté de contribuer au 6e titre mondial des Bleus. Il en a été l’un des principaux artisans. Joueur le plus utilisé de l’effectif (plus de 6h de jeu), il a été élu deux fois « homme du match », contre le Japon en poules, puis contre l’Islande en 8es de finale. Deux prestations qui ont fait de lui l’une des révélations du Mondial.
Alors qu’on l’attendait principalement dans un rôle défensif, Ludovic a également pris ses responsabilités en attaque avec 30 buts à la clé, soit un de moins que la superstar Nikola Karabatic, « MVP » de la compétition. Le tout avec une précision de métronome : 91% aux tirs, une performance majuscule. Cette médaille d’or, il l’aura plus que méritée.
« J’ai eu du mal à réaliser tout ce qu’on a accompli. La remise des médailles, c’était un vrai plaisir. J’ai senti qu’on évacuait la frustration des Jeux Olympiques où on avait perdu en finale. A la fin du match, quand je suis allé voir ma famille, j’ai pris mon frère dans mes bras. Il pleurait. C’était vraiment un moment unique. »

En regardant derrière lui, l’enfant de Banyuls-sur-Mer peut entrevoir un sacré bout de chemin parsemé de quelques embûches. Outre la charge émotionnelle de la finale face à la Norvège, il retient la victoire en quarts aux dépens de la Suède, qui restera sans doute le match le plus intense de toute la compétition. « On savait qu’ils pouvaient nous battre. Mais on a livré un grand match pour valider notre ticket pour Paris. »
Déjà sacré deux fois en juniors, le Catalan n’avait encore jamais goûté aux joies d’un titre avec les A. Acquis à la maison, celui-ci a évidemment une saveur particulière. « Un titre reste un titre, que ce soit avec les jeunes, en club ou avec la France. C’est toujours honorifique. Ce qui fait la différence avec ce que j’ai pu connaître par le passé, c’est qu’il y avait ce public. J’ai été très étonné de l’ambiance, de l’engouement. On a été très gâté. On a joué devant 28000 spectateurs ! Ça restera gravé dans nos têtes. »

Propulsé en première ligne suite à la blessure de Luka Karabatic lors du match d’ouverture face au Brésil, le jeune espoir (20 ans) a rapidement fait l’unanimité au sein du groupe. Bien encadré par les anciens, notamment par son « guide » au poste de pivot, Cédric Sorhaindo, Ludovic a su emmagasiner de la confiance pour dévoiler sa large palette de compétences, que ce soit au coeur de la défense ou face aux cages adverses.
« J’ai saisi cette opportunité. Encore fallait-il être performant sur le terrain. Il y a eu des moments compliqués que j’ai su gérer au mieux. Avec Cédric, on a montré une bonne image et ça a permis à Luka d’obtenir ce titre. »
Un titre qui en appellera certainement d’autres, à commencer par le championnat d’Europe 2018, espérons-le. En attendant de vivre de nouvelles émotions XXL avec les Experts, Ludovic Fabregas retourne déjà bosser, son club de Montpellier se déplaçant à Dunkerque ce jeudi.